Trapéziste cosmique
il s’élance pour regarder
de haut
la petitesse des remparts
qui séparent les hommes
captifs de leurs dieux
avides de sang
et de larmes
suspendu à la Grande Ourse
la nuit
il voit mieux
grâce au feu tamisé
des ténèbres
qui pénètre son âme
lancinant laser
de lucioles fraternelles
il voit se lever les rêves
de jour
qui l’habitent
ces rêves
sont le nectar
de sa vie
*
Des arbres de sang
explosent
dans nos labyrinthes
les grappes de vie
suspendues à nos lèvres
cherchent un souffle nouveau
comme un recommencement du monde
vers des printemps palpables
Les mains se cherchent
se prennent pour des ailes
et nos voix étranglées
croient qu’avaler une flûte
ou apprivoiser un rossignol
suffira à capturer
le chant fragile
noter sur la portée du vent
la musique indocile
du poème…
*
On pèse ses mots
on pèse ses morts
on raccommode ses trous de mémoire
avec des mots avec des morts
Rimbaud brûle encore ses vaisseaux
mais le bateau ivre voguera longtemps
sur l’océan des siècles
Les langues lagunes
soulèvent les vagues et les vents
la poésie écume ou murmure
son cri s’élance et retombe
là où on ne l’attend pas
Les chevaux de l’oubli
sèment à tous vents
les feuillets de l’âme
pour l’âme
Le poème remonte son fleuve
jusqu’à l’eau vive
du silence
jusqu’au sang d’encre
du mystère…
Michel Ménaché
printemps des poètes 2013 les voix du poème